Journal - Lundi 1er décembre 2025

 

Pour lutter contre un mal de dos qui m’embête depuis trois jours, mon beau-frère me conseille de faire de la marche à pied. Comme je n’ai rien d’urgent à faire, j’enfile des chaussures et je prends la route parce que les champs et les chemins sont enneigés et boueux. Il n’est pas encore quinze heures, mais c’est comme si la nuit allait tomber. Une brume laiteuse a envahi le paysage. Je devine à peine ce délavé bleuâtre, là-haut, dans le ciel. En arrivant en vue du village, le clocher en bois du douzième siècle se dresse au-dessus des autres bâtisses. Autour, la disposition des maisons a quelque-chose de pittoresque. On ne devine pas tellement un plan ou un alignement qui contraindrait la disposition des bâtiments dans un sens ou dans un autre, ce qui laisse cette impression charmante de miettes, semées çà et là par un géant qui aurait avalé son casse-croûte en marchant. Entre les bâtiments, ici un mur, là un bosquet de pruniers dont la silhouette sombre se détache. Je voudrais bien faire une photo de cette église, mais je suis décidément trop loin, on ne la distinguerait même pas sur la photo. Lorsque je m’approche du village, la haie d’arbre gêne mon champ de vision, alors je quitte la route et marche à travers le pré où la neige m’arrive presque aux genoux. Rien à faire ! Dans le rectangle, l’église a toujours l’air minuscule. Il me faudrait un téléobjectif. Un peu plus tard, j’ai les pieds trempés, mais le lieu sacré a finalement des dimensions acceptables. Ce que je ne comprends pas, c’est que malgré le bleu évident de la neige, mes photos son plates et jaunâtres. Et surtout, elles ne rendent pas mes belles impressions visuelles. Là où un bosquet flotte de manière irréelle entre une étendue neigeuse et un ciel si blanc qu’on a peine à discerner la ligne d’horizon, là-bas, le tronc des arbres rythme la route comme des tambours. L’appareil de mon téléphone est incapable d’en saisir la beauté. Je le fourre dans ma poche et retourne à la maison. 

Plongé dans ce merveilleux crépuscule, le dos ne me fait plus mal.

 

 

 

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