Je crois que ce qu’il faut comprendre, ce qu’il
faudrait que nous comprenions tous, c’est que nous sommes beaucoup plus poreux les
uns aux autres et à notre environnement que nous ne l’imaginons. En rentrant à
pied chez moi, avant-hier (c’était une très courte promenade d’à peine trente
minutes), j’avais le sentiment et même la certitude que tous ces champs
enneigés, tous ces arbres, tout ce ciel et mon corps ne formions qu’un seul
être. C’était assez bouleversant parce que je sentais cette présence autour,
au-dessus de moi, dans mes jambes, mais aussi dans la brume. J’entendais son
rugissement fabuleux, sa bienveillance monstrueuse et céleste. Il faut être un
promeneur solitaire comme Rousseau peut-être. Il fait aimer la solitude, parce
que c’est seulement dans la solitude, lorsque tu t’es débarrassé même de toi-même
que tu parviens à voir ce visage qui n’est ni toi ni le reste, mais toute la
terre et tout le ciel. Après, quelque chose est transmis, que tu le veuilles ou
non, ça se fait automatiquement, pas besoin de mots, juste servir le thé à tes
amis, et si tu n'as pas d'amis autour de toi, tu peux encore offrir cette lumière qui parvient à tes yeux.

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