Journal - 29 novembre 2025

 




Ce soir, je suis seul chez moi, car Aga est allé tenir compagnie à sa maman. Hier, il a neigé toute la nuit. À tel point que presque plus personne n’emprunte la route qui passe à côté de notre vieille maison. Une lumière blanche recouvre tout, abolit formes et couleurs, étouffe les sons, et le soir venu, lorsque je vais me coucher, tout est solitaire et silencieux. Durant la journée, j’avais rendez-vous en ville pour signer. Lorsque je suis rentré, la maison était vendue, autant dire que je n’étais plus tout-à-fait chez moi.

Lorsqu’il a neigé, la nuit n’est plus tellement sombre. La nuit, une vague lueur émane aux fenêtres. Je ne tarde pas à m’endormir… ou presque. Mais dans le silence, je perçois comme l’écoulement d’un ruisseau minuscule. Pourtant, il ne pleut pas. Inquiet, je me lève pour vérifier que rien ne fuit, ni dans l’entrée ni dans la salle de bain. Dans le couloir règne un silence absolu. Même mes deux chats ne se sont pas levés comme ils en auraient l’habitude lorsque je bouge ou je me lève. Rassuré, je vais me recoucher. Le murmure reprend. Je tends l’oreille. Au-delà de l’acouphène familier, je distingue bien quelque chose comme une radio ? À moins que ce ne soit quelqu’un qui parle sur la route, ou peut-être une fête dans le lointain ? J’entrouvre la fenêtre pour en avoir le cœur net. Seul un souffle du vent tiède me répond, tellement léger qu’il n’émet aucun son, plus doux qu’un courant d’air, au point que les branches sont immobiles. Je retourne m’allonger en m’efforçant ne plus prêter attention au murmure qui persiste comme une illusion. Est-ce un bruit objectif ou un tour de mon esprit ? Soudain, le bruit cesse. Puis reprend. Comme un gazouillis d’oiseau. J’ouvre à nouveau la fenêtre de la chambre pour vérifier. Cela m’intrigue au plus haut point. Rien. Les chats dorment. Le frigidaire ne ronfle pas. Dehors comme dedans, calme plat.

Je m’endors donc, doucement bercé par ce chant, un chant très doux, trop doux, venu de très loin. La petite chanson de ce qui était notre maison.


 

 

 

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