Vert Naufrage 28 - La Mort et la Résurrection

Je me souviens de ces jours de décembre. Noël s’approchait et il faisait triste et gris. Le froid commençait à pénétrer notre quotidien et les beaux jours semblaient déjà loin derrière nous.

Stat’, chien vif, courageux, à l’aboiement fort et impérieux, tel un diable attaché à un ressort au fond d’une boîte, disparut un beau matin de notre vie, aussi vite qu’il y était apparu. Aurait-il vécu plus longtemps si nous ne l’avions pas sorti de son buisson, aux abords de la station-service ? Nous n’avions réussi à lui donner que quelques mois de notre vie. Pauvre chien, pauvre diable.

Je me souviens encore comment il se tenait là au bord de la route. Le ronflement du camion, il l’avait repéré bien avant moi, bougre de chien. Il me surveillait déjà du coin de l’œil près à me fuir pour ne pas se laisser rattraper. Lorsque je finis par percevoir le bruit du camion, un mauvais pressentiment m’envahit. Lui s’était déjà levé, poursuivait déjà l’énorme proie de fumée et d’acier.

Non Stat’, n’y va pas ! Reste ici ! Au pied Stat !

Le chien voulut poursuivre un gros camion, mais ne vit pas la voiture qui venait en sens inverse et qui lui fracassa la tête. En geignant, l’animal alla s’allonger dans le fossé, pour souffrir à l’écart de la route. Le type cracha par terre et jura à cause du pare-chocs cassé, appela la police. Moi, je ne voyais que Stat qui souffrait. Je décidai de l’emmener immédiatement chez le vétérinaire. Je le pris dans les bras pour l’installer dans le coffre de la voiture. Il eut très mal, se débattit et gémit de douleur lorsque je l’y déposai. Ce n’est pas une mince affaire de porter un animal mourant dans les bras.

Le vétérinaire constata qu’il avait perdu conscience. Il lui fit encore une piqûre d’adrénaline, mais on voyait bien que Stat s’envolait, qu’il s’envolait comme une fumée. Stat mourut dans le coffre de la voiture. Difficile de voir un ami mourir !

Lorsque Stat’ fut mis en terre, tout le monde pleurait. Je plaçai sur sa tombe une grosse pierre et fumai une dernière cigarette en son honneur. Dans les jours qui suivirent, mon beau père qui était un peu son parrain et moi tombâmes malade. Sale bête ! Je n’avais pas imaginé combien on tenait à toi, ni combien tu me manquerais. J’aurais voulu faire avec toi encore de nombreuses promenades aux étoiles, te laisser courir à ton plaisir derrière de pauvres biches affolées et qui, de toute façon, auraient couru bien plus vite que toi. Sache que je te souhaite cependant d’aller renaître au pays des chasseurs éternels, là où le gibier abonde, où la meute des tiens t’offrira amour et réconfort.

 

Quelques semaines plus tard, en venant inspecter la tombe de mon chien, je constatai que la grosse pierre avait bougé. Elle découvrait maintenant un trou béant. Mon souhait s’était-il réalisé ? Stat’ avait-il ressuscité ?

 

Pour ne pas nous laisser sombrer dans le marasme, mon beau-père décida de nous avancer l’argent pour que nous puissions nous équiper d’ordinateurs portables. Un pour moi, un pour Aga. Désormais, nous ne serions plus dépendants des ordinateurs des bibliothèques de la ville. Il suffirait de trouver un point de connexion et nous pourrions communiquer avec le monde, trouver du travail, des clients, faire des affaires. Une idée géniale nous traversa l’esprit : nous allions faire de la traduction. Je ne sais pas pourquoi nous n’y avions pas pensé plus tôt. Mon niveau de polonais était-il suffisant ?

 

Une proposition arriva, puis une autre. Grâce à l’ordinateur, l’internet sans fil et la bibliothèque où nous nous rendions tous les jours, nous fûmes en liaison avec le grand monde et pûmes attraper çà et là des petits ruisseaux qui feraient les grandes rivières. Pourtant, nous continuâmes à souffrir encore de la récession qui touchait la grande maison froide où nous habitions, maison têtue, maison ensorcelée.

 

Ce midi-là, j’avais deux pièces bien symboliques trouvées le matin au fond d’une vieille tirelire avec lesquelles nous devions nous nourrir. C’était là, à cet instant, toute notre fortune. Nous n’étions peut-être pas si malheureux. Nous étions en bonne santé. Notre fils allait tous les jours à l’école.

Je ressortis du magasin tout content d’avoir pu me procurer un demi-pain et un bout de fromage qui ferait notre repas de midi. Après cela, je donnai une leçon de français qui nous permit de racheter un peu d’essence pour rentrer. Si mon élève avait annulé notre rendez-vous, je me demande encore aujourd’hui comment nous aurions fait pour franchir les trente kilomètres qui nous séparaient de chez nous. Dans ces circonstances, je m’efforçai d’être plus souriant et de faire bonne mine au mauvais sort, de sourire à tout vent comme un idiot. Depuis, je n’ai plus cessé de le faire. 

 

 

<Vert  Naufrage 27                             Vert Naufrage 29>


Vert Naufrage 27 - Le réveil

 Ce matin-là, Aga devait aller au travail. Elle se leva plus tôt que de coutume afin de se préparer, repasser un chemisier, soigner sa coiffure, afin d’être présentable pour ce nouveau rendez-vous avec le monde du travail. Le soleil se leva, éclairant le rebord de la fenêtre où le chat Maniouche prit place à côté du réveil chinois. Il semblait tendre l’oreille. Le soleil jouait de ses reflets dorés sur la carcasse brillante du réveil. Le tic tac avait éveillé la curiosité du félin. « As-tu remonté le réveil ? » me demanda Aga. Il s’avéra que depuis des mois déjà, personne n’avait prêté la moindre attention à celui-ci. De son propre gré, le réveil de couturière s’était remis à fonctionner.

L’ex-travail d’Aga nous permit d’acheter du bois et des pneus pour l’hiver, de payer l’école de Gaspard et de survivre un certain temps. « C’est ton tour ! »me dit-elle après avoir démissionné quelques mois plus tard. Oui, c’était bien à mon tour de faire vivre ma petite famille. J’avais alors à l’esprit de la faire vivre et non vivoter comme cela avait été mon cas jusqu’alors. Je n’en menais pas large j’avoue. Il faudrait se décarcasser, jouer mon rôle de père de famille responsable.

 

La démission d’Aga fut vécue par nous tous comme un véritable soulagement, surtout parce que cela posait souvent des problèmes de transport. Pour se rendre à lusine qui se trouvait aux antipodes, Aga devait prendre la voiture, alors tout l’hiver j’avais dû conduis Gaspard à l’école en empruntant l’un ou l’autre de ces minibus bondés qui circulait quand bon leur semblait. Pour ce qui me concernait, c’était un nouveau défi. Hélas, les travaux de rénovation que nous avions projetés et qui devenaient indispensables en étaient au point mort.


J’eus beau essayer de le secouer, de le démonter, d’en ôter la poussière à l’aide de l’aspirateur, le réveil refusa d’aller de l’avant. Il me semblait que, tout comme nous, il n’aimait ni le froid, ni l’hiver. Inutile d’insister !

 

 

<Vert Naufrage 26                                     Vert Naufrage 28>

Vert Naufrage 26 - Le travail

 Nous sommes perméables comme des éponges, des ectoplasmes errants à la surface des mondes. Pour le monde réel, en revanche, vous pouvez très bien devenir parfaitement invisible. Il y a quelques temps, dans les bureaux de l’office du travail, Aga poursuivait sa recherche d’un emploi. Téléphoner, envoyer des lettres, des Curriculum Vitae, effectuer des recherches sur l’internet : tâche répétitive, et lorsqu’elle ne donne pas de résultat, c’est parfaitement épuisant. Ce fut vraiment éreintant de passer son temps à se demander pourquoi la destinée ne voulait pas de nous, pourquoi des murs invisibles se dressaient autour de nous. Du reste, s’interroger de cette manière ne nous aida en rien à résoudre nos problèmes.

Avant leur départ pour la chasse, les hommes de la préhistoire effectuaient probablement des rites ou des danses pour « prier » l’esprit de l’animal, celui du gnou ou du bison de se laisser capturer. Qui veut conquérir une ville ou un pays doit demander du fond du cœur à cette ville ou ce pays de l’accepter, non comme un conquérant mais comme un hôte.  J’eus cette révélation ce matin-là en allant avec Aga à l’office du travail – Le Grand Esprit de la ville : un conglomérat d’âmes. Lorsque vous connaissez peu de monde dans un pays, les chances de vous y enraciner sont maigres. Logique ! Si vous y avez quelques amis, vos chances augmentent de manière significative. Sinon vous devez effectuer une danse rituelle pour conquérir l’esprit et le cœur des forces indigènes !

Dans certains pays d’Europe, comme les Cornouailles ou l’Irlande, si vous êtes un être humain, il vous suffirait de vous rendre au pub du coin, et votre petit rite s’accomplirait de lui-même par la danse des tournées offertes aux esprits des lieux. Dans d’autres contrées, les indigènes se chargent eux-mêmes de vous initier à la vie de la communauté. En revanche, par ici, les habitants me semblaient (me semblaient seulement) discrets et méfiants, exactement comme j'étais froid et méfiant à leur égard, ou à l'inverse, curieux et indiscrets. Aujourd’hui, je sais que c’est totalement faux, les Varmiens sont le plus souvent généreux et solidaires.

Voilà donc l’illumination que j’eus ce matin-là tandis que la voiture traversait la forêt : puisque tous ces gens sont catholiques, alors ma démarche devait s’inscrire dans cet environnement ? Peut-être me mettrai-je à genoux devant Jésus et prierai pour que les braves habitants de ces contrées acceptent de nous donner du travail ? Peut-être devrais-je me faire baptiser une deuxième fois ?

Cette opération n’était pas aussi évidente qu’elle y paraissait ainsi couchée sur le papier. Il ne suffisait pas de se mettre à genoux, mains jointes et de parler à la représentation d’un homme qui aurait vécu il y a deux-mille ans.

Absolument pas ; ce n’était pas de cela qu’il s’agissait ! Dans notre corps et au-delà de notre corps existe une lumière que chacun peut percevoir, cette lumière qui embaume les dimanches et les églises, les sutras et les fleuves sacrés. Cette lumière est à la fois dans le monde et hors des mondes. On peut utiliser les portes de l’imagination pour la sentir, les images saintes, les musiques sacrées et les ondes alpha. Elle semble être portée par le vent en été, par le pas des hommes en procession, par les cérémonies d’enterrement, par certaines formes de cumulo-nimbus à la sortie des cérémonies d’ouverture des jeux Olympiques. Elle peut-être tout simplement dans votre cœur, au beau milieu, un noyau extrêmement brillant, l’esprit de tous les êtres, morts ou vivants, l’Esprit Saint, diront certains.

Soyez sincères, reconnaissez vos fautes, vos erreurs, votre ignorance. Éclairez-vous ! Demandez-lui de l’aide.

— Que fais-tu à genoux, me demanda Aga surprise.

 Je prie, fis-je.

 Toi ? Athée comme un pauvre diable ?!

Je ne dirais pas que ma femme est un démon. Aristote a déjà dit et répété à qui voulait bien l’entendre que les femmes étaient des démons. Moi, je ne sais pas, Aristote avait sans doute ses raisons pour dire ça. Aga voyait en moi ce qu’il l’arrangeait : un vieil athéiste, paresseux et égoïste qu’il fallait mener à la baguette, mais moi, j’étais un général et je ne me laisserai pas faire ! « Je suis athéiste et je prie. Et alors ? » Elle haussa des épaules et déclara comme si ce fut le onzième commandement : « Tu n’oublieras pas d’arroser les buis ! »

Je ne suis pas sûr de ce qu’il faut en penser mais le fait est que lendemain, Aga avait trouvé un travail dans une entreprise de filature de lin. On a le droit d’être athée, mais même l’athéisme possède ses limites. Même dans l’athéisme, le zèle est pire que le fascisme.

 

<Vert Naufrage 25                               Vert Naufrage 27>

Samedi 23 août 2025

 


 

Récemment, Gasper s’est acheté un tourne-disque de marque allemande. Nous l’avons installé sur le buffet. Comme Gasper n’est pas là, c’est moi qui m’occupe du branchement. À priori, ce n’est pas compliqué, mais il m’a fallu comprendre qu’il fallait brancher un petit fil noir, et voilà que retentit un saxophone, une contrebasse. Je découvre quelques vieux disques de vinyle qu’Aga conservait dans un meuble, notamment des disques de Jazz polonais des années quatre-vingt. Stanislaw Sojka, Sinatra, et bien d’autres dont j’ai oublié le nom. Le son est plus rond et plus chaud que le numérique. C’est vraiment plaisant. À chaque fois que Gasper rentre chez nous, nous avons droit à une séance de jazz ou à d’autres genres musicaux dénichés dans quelque boutique de vinyle Varsovienne.

En pensant aux disques vinyle, Je me suis souvenu récemment qu’enfant, à la maison, nous écoutions souvent des contes sur des 45 tours, comme « La chèvre de monsieur Seguin » d’Alphonse Daudet, lue par la voix chantante de Fernandel. Je revois encore la pochette avec son illustration. La chèvre grignote la corde et va batifoler dans la montagne, mais le soir, elle rencontre le loup. Et cette phrase si terrible à la fin : « Elle se battit toute la nuit, et au matin, le loup la mangea. » Et voilà que je m’interroge sur les intentions éducatives de l’auteur. Y avait-il un message caché ? Pour suggérer aux enfants qu’ils devraient obéir à leurs parents, pour ne pas être mangés par quelque chose de terrible ? Qu’est-ce que cette corde à laquelle est attachée la chèvre ? Pourquoi ne prendrait-elle pas le risque de la liberté ? Et nous, avons-nous encore des cordes qui nous retiennent, des cordes qui nous ont été subtilement passées autour du cou alors que nous écoutions d’innocentes histoires ? De quoi ce monsieur Seguin a-t-il si peur ? Peut-on apprendre aux chèvres à vivre parmi les loups ? Qui sont les loups pour les chèvres, et pour nous ? Ne serait-il pas utile d’en discuter avec nos enfants ? Pour que la corde qui retient la chèvre de ce Monsieur Seguin ne les retienne pas subtilement, plus tard, lorsque la vie exigera d’eux qu’ils prennent des risques justement ?

Un maître zen expliquait que pour mieux contrôler les autres, il fallait d’abord leur donner tout l’espace et toute la liberté possible. Cela semble paradoxal. L’oiseau enfermé dans sa cage finira par s’envoler et ne reviendra plus, mais si vous lui apprenez à vivre en liberté, il reviendra. Il reviendra même tous les jours, peut-être…. Cela m’évoque aussi un principe taoïste qui consiste à ne pas interférer exagérément avec le karma d’autrui, à s’abstenir d’empêcher quiconque de suivre le cours de son destin.

Je vous laisse le loisir d’en tirer vos propres conclusions. Nul doute qu’il existe de nombreuses réponses possibles au problème brûlant de la liberté des chèvres et des êtres humains.

Journal - Mercredi 20 août 2025

 Je décide d’aller marcher seul sur le chemin qui mène vers le lac. Dans le champ au-dessus de la maison, une moissonneuse est à l’œuvre pour couper ce qui reste de blé. J’ai tout loisir d’observer son manège. Malgré le dénivelé, la grosse bête gravit doucement la colline pour dévorer ce qui reste de moisson. Derrière elle, un tracteur aspire la paille et régurgite de temps à autre d’énormes bottes de foin.

De gros champignons blancs poussent en lisière de forêt. Cela me rappelle une cueillette de champignons à la chaponnière. Je devais avoir dans les quatre ou cinq ans. Mes cousins Charles et Pierre m’avaient emmené à travers champs et bois, de l’autre côté de la route de Céaucé. Des champignons poussaient là-bas, dans le petit bois. Et comme cela ressemblait à des rosés des champs, mes cousins entreprirent d’en ramasser toute une brassée. Nous rentrâmes à la ferme, chargés de tous ces champignons, il fallait passer sous une clôture électrique. Je me pris le premier coup de jus de ma vie et débarquai en pleurs dans la salle à manger des grands-parents. Les champignons furent immédiatement jetés, les mains bien lavées et la leçon faite de ne pas ramasser n’importe quoi. Très probablement, il ne s’agissait pas du tout de rosés des champs.

Autre souvenir, même époque, je vais jouer avec des petits voisins de mon âge, à Tourouvre, rue Magné-de-Marolles, donc environ cinq ou six ans. Il y a un lavoir, nous jouons à y lancer des poires qui sont tombées dans leur jardin. La petite voisine voudrait bien que je lui en attrape une ou deux qui flottent sur l’eau. Son frère me met en garde, mais trop tard. Je tombe là-dedans et ne sais pas nager. Je panique un peu en essayant de regagner la surface. Je me souviens parfaitement de cet instant dramatique où j’ai eu la tête sous l’eau, et d’avoir entendu leurs cris. Le petit voisin a saisi un bâton qui suffit pour me repêcher. Et c’est tout trempé que je rentre chez moi. Maman est furieuse et me rouspète. « Heureusement que ton père n’est pas là ! » dit-elle.

C’est curieux comment ces souvenirs me renvoient à maman, à son inquiétude de mère et à son amour inconditionnel.  Aujourd’hui, j’ai plus de cinquante ans, mais ces souvenirs-là sont vibrants pour ne pas dire brûlants. Leur image s’est avivée avec le temps. Et j’ai l’impression que ce sont des trésors que je vous confie là.



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Un peu plus tard, je rentre chez nous. Aga a mis la maison en vente au cours de l’après-midi. Chacune des photos publiées a demandé beaucoup de travail, parfois des journées entières pour nettoyer, réparer, repeindre puis retoucher un peu les photos pour faire disparaître des petits défauts. L’effet ne tarde pas à se faire ressentir. Deux heures plus tard, le téléphone n’arrête pas de sonner. C’est comme si la Pologne voulait acheter notre chère demeure. C’en est presque effrayant. Deux visites sont prévues dès demain, plusieurs le week-end prochain, alors c’est le branle-bas de combat pour faire le ménage. J’avoue à notre fils que je commence à ressentir une certaine tristesse.

Journal - 14 aout 2025

 Nous pouvons tous faire souvent cette expérience. Indéniablement, les autres font partie de nous, même quand nous croyons ne pas les aimer. Lorsqu'ils s'en vont, vous sentez bien qu'un morceau de vous-même a disparu, que vous ne serez plus jamais la même personne. Et vous vous sentez un peu plus en terre étrangère.

Ce sont des personnes, des animaux familiers, des maisons, des saisons et des routes.

Vous leur parlez, vous les nourrissez, vous les empruntez tous les jours. Puis un jour, ils sont partis au loin, ou c'est vous qui êtes partis. Nous sommes tous des migrants, comme des voyageurs qui se croisent dans un hall de gare et ne se rencontreront plus jamais. C'est une expérience douloureuse. Pourtant, quelque chose reste là, accroché à un parfum, à un nuage, à l'espace. Si ce sentiment est offert comme un don, il sera transmis. Vous n'avez pas besoin de l'emballer, vous l'offrez au soleil, aux étoiles, à ce que vous considérez comme plus grand que vous et, n'ayez aucun doute, cela sera transmis à qui de droit.