Journal - 8 juillet 2025


 Les buis

Dans notre jardin poussent des buis. A vrai dire, ils poussent un peu n’importe où, au petit bonheur la chance, et ce depuis des années, ici autour des rosiers, devant et derrière la maison, là au pied de la boîte aux lettres. C’est avec l’aide du papa d’Aga que nous les avions plantés. Il en avait fait une véritable culture. Comme les parents d’Aga avaient des buis dans le jardin de leur maison de campagne, le papa dAga en coupait des brins qu’il trempait dans l’eau avec une hormone de bouturage, avant de les mettre dans de petits pots. Régulièrement, nous devions les ramener de Varsovie avec pour mission de les faire prospérer chez nous. Lorsque nous ne venions pas assez souvent, dans l’attente de notre prochaine visite, les buis grossissaient avec nostalgie sur le balcon de l’appartement de Varsovie. Impatient notre prochaine visite, le balcon verdissait avec le temps. Les buis sy démultipliaient comme des petits pains. Il devenait urgent de venir voir les parents pour ramener les précieux pieds à Różynka.

 

Aujourd’hui, malheureusement, les buis sont envahis par la Pyrale du buis. Ce sont des papillons de nuit de couleur grisâtre. Au printemps, les chenilles ont dévoré l’écorce et les feuilles. Nous n’avons pas cherché à les traiter. A la fin du printemps, les arbustes étaient complètement desséchés et il ne nous restait plus qu’à les arracher. Mais la procrastination aidant, personne ne s’en occupa. A la belle saison, des hochequeues vinrent séjourner dans notre jardin. Comme par hasard, ce sont des oiseaux au plumage gris, blanc et noir. Ils ne sont pas très sauvages et nous observent parfois dans le blanc des yeux. En ce moment, il y en a un qui se balade devant la fenêtre de la cuisine, en hochant la queue avec impertinence. J’avais bien remarqué, ce matin, toutes les ailes noires et grises des papillons, arrachées et répandues sur la terrasse. Au début, je n’ai pas fait le rapprochement. Or, voici que notre hochequeue se promène sur la cime du buis. Un papillon s’échappe. L’oiseau se jette dessus et le dévore en dédaignant les ailes.

Depuis quelques jours, certains pieds de buis ont repris du poil de la bête avec leur joli vert printanier. Jusqu’à la prochaine génération de chenilles !

(Quant aux buis de ma maison de campagne, à côté d’Osieck, ils n’ont pas survécu aux pyrales. L’année dernière, en compagnie de sa maman, Aga et moi avions dû couper tous les pieds dans le jardin de la maison de campagne, un jour gris et triste. Je me demande si tous les buis de Różynka connaîtront ce sort. Alors, peut-être, bon gré mal gré, quelqu’un les coupera pour en faire un feu de joie).


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